Son histoire

Objet de convoitise, monnaie d’échange, ravagé à plusieurs reprises, reconstruit… le château de Bouteville tient un rôle majeur pendant toute la période médiévale avant de vivre de nombreux tourments.

fleche de defilement

Une occupation humaine ancienne

Si le château médiéval est cité dans des sources à partir de la fin de 866, son histoire commence vraisemblablement au moins un siècle avant… Les dernières découvertes archéologiques témoignent d’une occupation humaine plus ancienne, dès la fin du VIIIème siècle.

Les fouilles menées par des archéologues de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont permis de documenter cette période encore méconnue de l’histoire du château.

Un donjon ainsi qu’un système défensif très bien appareillé son ainsi découverts… en 2019 ! Un tel système défensif, insoupçonné jusqu’alors, laisse penser que le château de Bouteville a constitué une place forte majeure.

Un illustre passé

Dominant la plaine de La Charente, à la fin du IXème siècle, le château protège et surveille l’ancienne voie romaine, le Chemin Boisné. Dès lors, le destin du château va être lié à des noms illustres.

Au XIe siècle, le château appartient aux Comtes Taillefer d’Angoulême. Par le remariage d’Aliénor avec Henri II Plantagenet, l’Angoumois se retrouve naturellement dépendant du roi d’Angleterre et de leurs descendants, Richard Cœur de Lion, duc d’Aquitaine et futur Roi d’Angleterre, puis de Jean sans Terre. Bouteville se retrouve régulièrement aux premières loges des luttes opposants les Comtes d’Angoulême et les troupes de Richard Cœur de Lion.

Au milieu du XIVe siècle, sous occupation anglaise, le château voit séjourner régulièrement Edward de Woodstock, dit le Prince noir. Les Anglais seront néanmoins chassés du château en 1392.

En 1540, François 1er entre en scène. Il cède le château qui appartenait à sa famille depuis le XVème siècle à Claude de Montmorency. Il ne sera conservé qu’une vingtaine d’années par cette famille. Pic de La Mirande est le nouveau seigneur en 1577.

En 1593, Bernard de Béon du Massés, gouverneur du Limousin, de l’Angoumois de l’Aunis et de la Saintonge, acquiert le château et y imprime durablement sa marque. Il fait construire autour d’une cour carrée, une demeure avec de grandes fenêtres à meneaux et surtout des décorations couronnant toutes les façades, masquant ainsi les couvertures. La sculpture y est foisonnante.

En 1726, le nouveau seigneur, Henri de Bruzac Hautefort, modifie les lieux en faisant disparaître les meneaux des baies, les deux pont-levis, reconstruire partiellement les ailes nord et sud et complètement l’aile Ouest. Alors, le château de Bouteville adopte la tournure élégante des demeures aristocratiques avec de belles et grandes fenêtres sans meneaux.

Le château d’aujourd’hui correspondant à l’assemblage harmonieux de l’édifice Renaissance des Béon du Massés et des bâtiments du début du XVIIIe siècle de Hautefort, Comte de Vaudre.

Une histoire mouvementée

Au XVIIIème une période sombre s’ouvre pour le château…

En 1787, en mauvais état, il se retrouve entre les mains de Charles Philippe, Comte d’Artois, le frère du Roi, le futur Charles X ! Près de deux années de travaux ont permis un sursaut de vie avant que la Révolution ne vienne y mettre un terme.

Abandonné, transformé pendant quelques mois en prison, il est ensuite vendu comme bien national en 1803. Matériaux et pierres sont vendus au gré des opportunités par les nouveaux acquéreurs, jusqu’au début du XXème siècle.

Sur les cinq cheminées monumentales ornées de cariatides, une seule a subsisté jusqu’en 1895. Elle est finalement vendue et installée dans une autre demeure, non loin de là, au Château de Bourg-Charente.

Le XXème siècle va marquer un nouveau tournant qui va peu à peu faire renaître le château.

Les bâtiments sont classés Monument Historique en 1984. Le château est l’objet de diverses consolidations et de restaurations. Des travaux sont amorcés par la commune de Bouteville puis par la Communauté de Communes de Châteauneuf.

En 2017, la communauté d’agglomération de Grand Cognac devient le maître d’ouvrage du château et entreprend des mesures d’urgence pour le préserver. Une restauration globale de l’édifice est ensuite engagée en plusieurs phases, jusqu’au printemps 2024.